zondag 5 oktober 2008

Chopin

- Joue, maman, joue ! murmura Rudy.
Paniquée, elle regarda son fils. Elle n'osait pas lui dire qu'elle doutait d'y arriver, qu'elle n'aurait pas la force, que...

- Joue, maman, joue. Moi aussi j'ai traversé la guerre en pensant qu'un jour tu jouerais de nouveau pour moi.

Elle vacilla, se rattrapa au cadre, puis observa le clavier comme un obstacle qu'elle devait vaincre. Ses mains s'approchèrent, timides, puis s'enfoncèrent délicatement dans l'ivoire.
S'éleva le chant le plus doux et le plus triste qu'il me fût donné d'entendre. Un peu grêle, un peu clairsemée d'abord, puis plus riche, plus assurée, la musique naissait, s'intensifiait, se développait, chavirante, éperdue.
En jouant, la mère de Rudy reprenait chair. Je discernais à présent, sous celle que je voyais, le femme que m'avait décrite Rudy.

A la fin du morceau, elle se tourna vers son fils.

- Chopin, murmura-t-elle. Il n'a pas vécu ce que nous venons de subir et pourtant il avait tout deviné.

Uit het boek 'L'enfant de Noé' van Eric-Emmanuel Schmitt. Het beschrijft het eerste contact van een beroemde pianiste met haar zoon Rudy, als ze na jaren concentratiekamp op het einde van de tweede wereldoorlog plots in Brussel aankomt, nog slechts een schim van de sterke vrouw die ze was.

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